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mercredi, juillet 11, 2007

LE CONCEPT DE MATURITÉ ENTREPRENEURIALE

Exemples d'articles (2002-2007)

Votre entreprise semble avoir le vent dans les voiles et les difficultés initiales ont enfin été surmontées. Je ne parle pas de ces petits moments de doute qui jalonnent obligatoirement la vie entrepreneuriale, mais de ces brutales remises en question qui constituent les épreuves nécessaires permettant de séparer le bon grain de l’ivraie, et de distinguer les véritables entrepreneurs des velléitaires de passage.

Si vous avez du succès, vous avez sans doute fait preuve de maturité entrepreneuriale. En effet, la répétition de ces épreuves inévitables en début de parcours a contribué à l’émergence de ce concept qui confirme la nécessité de la maturité entrepreneuriale ainsi que sa relation avec le succès.

Créer, mais surtout maintenir une entreprise à flots lorsque la situation semble ne pas vouloir évoluer demande une maîtrise de soi peu commune et des qualités qui doivent être présentes dès le départ : combativité, détermination, confiance en soi, courage, imagination, patience et évidemment le bon vieux « sens des affaires » qui pourrait les résumer toutes.

Mais, en quoi consiste-t-il ? C’est surtout cette capacité de mener une idée à son terme, du développement du concept en passant par la création d’alliances stratégiques qui fourniront appui financier et autres, jusqu’à la production et enfin la vente et la distribution du produit ou du service, sans oublier que le marketing et la publicité constituent en bout de ligne le pivot incontournable sans lequel les efforts précédents auront été vains. Mais il y a encore autre chose.

Être un entrepreneur mature c’est avant tout faire preuve de sang froid. Imaginez la situation suivante : l’entreprise a démarré, la production va bon train, mais malgré des études de marchés favorables et une campagne de publicité rondement menée, le produit ou le service « ne se vend pas ».

Un entrepreneur immature sera sans doute fortement déstabilisé et redoublera d’efforts, parfois mal ciblés (achat de nouveau matériel), parfois drastiques (baisses de prix exagérées, mises à pied intempestives), afin de redresser la situation. Un entrepreneur mature saura avant tout évaluer la situation avec justesse et appliquer les correctifs nécessaires sans paniquer. Le jugement éclairé est donc le premier élément constitutif de la maturité entrepreneuriale.

Les difficultés sont un grand révélateur de la personnalité profonde d’un individu, mais surtout de la qualité de son sentiment personnel de sécurité. L’insécurité des dirigeants, donc la peur (qui n’est jamais bonne conseillère comme on le sait…) constituera la pierre de touche qui orientera le succès ou l’échec de toute l’entreprise. En effet, combien de mauvaises décisions sont prises quotidiennement sous son influence néfaste.

Évidemment, l’entrepreneur sage aura toujours en tête les investisseurs qui lui ont fait confiance, c’est pourquoi un niveau personnel de sécurité élevé l’incitera plutôt à agir en collaboration avec eux plutôt que de manière individualiste. Le deuxième élément constitutif de la maturité entrepreneuriale sera donc la capacité de gestion de l’insécurité.

Enfin, le dernier élément, mais non le moindre, car il englobe deux éléments sous-jacents soit la détermination et la capacité de se projeter dans le temps, pourrait s’apparenter à l’esprit de sacrifice ou à tout le moins à une forme poussée d’altruisme ou de foi qui conditionne les actions présentes à une réalisation future qui n’existe pas encore vers laquelle tend l’entreprise et dont tous ses membres (dont les employés) vont bénéficier. Il appert que cette capacité de vision ainsi que la faculté rare de la faire partager conduisent au développement de la culture d’entreprise et par voie de conséquence, grâce à la mise en commun des forces et des espoirs, au succès tant attendu.

Les futurs entrepreneurs ont donc tout intérêt, avant de se lancer dans la grande aventure, à cultiver ces qualités indispensables, car cela pourrait être payant…et pas seulement en argent.

dimanche, septembre 17, 2006

LE TAO DE L'ENTREPRENEUR OU SAVOIR QUAND ... LÂCHER PRISE

Malgré l’optimisme indéfectible qui prévaut chez tout nouvel entrepreneur, il arrive souvent qu’un surcroît de bonnes intentions et par conséquent, de décisions douteuses, nuise au bon déroulement du plan initial plutôt que de favoriser sa mise en application.
C’est ce qui explique qu’au Québec environ 15 % des nouvelles entreprises dépose son bilan en moins d'un an.
Ici comme ailleurs, l’homme d’affaires est une espèce particulière : un alliage hétéroclite de rêves et de vision, de désirs un peu fous, d’intuition, de planification et d’actions. Il ne faut pas oublier cependant que les objectifs (ventes, gains financiers, positionnement sur le marché) ne constituent en aucune façon le pôle le plus important du processus.
En effet, une étude récente révèle que 90% des nouveaux entrepreneurs affirment ne pas travailler uniquement dans le but d’augmenter leur patrimoine mais plutôt afin d’exploiter leur plein potentiel créatif et humain. Ces passionnés sauraient le dire : le plaisir de travailler enfin pour soi - de la conception au maintien en affaires - le goût du jeu ou du risque et la concrétisation quotidienne des rêves (par le biais entre autres de la fidélisation de la clientèle ou du développement de la qualité des services ou des produits, je pense à la norme ISO) témoignent des valeurs intrinsèques de l’entrepreneur lui-même et de la culture d’entreprise qu’il souhaite développer. On parle d’optimisme, de sens du devoir et du travail bien fait, de souci des clients et de leurs besoins, de responsabilité sociale, du courage, de confiance en soi et j’en passe.
Un aspect de cette alchimie particulièrement délicate est souvent passé sous silence parce que l’on en méconnaît l’influence et les vertus. Il est d’ailleurs de la nature même de ces éléments mystérieux qui participent des succès les plus grandioses de demeurer voilés telle la pierre philosophale. J’évoque le principe taoïste du « ne rien faire ». Mais le hic c’est que l’entrepreneur et c’est une lapalissade, est la plupart du temps un homme d’action. Cela peut aussi être son talon d’Achille.
Dans un moment de panique (une probable restructuration, une grève ou un lock-out, des problèmes d’approvisionnement ou une perte en capital), il s’agite dans tous les sens et cherche avidement une solution à son problème. Sa créativité est alors sans limites : son réseau s’étend miraculeusement à de vagues connaissances ; sa marge de crédit fait soudainement état, sous le regard circonspect de son banquier, d’une élasticité prodigieuse ; son plan marketing souffre d’un embonpoint caractérisé et il arrive même que son code d’éthique – bannière autrefois intouchable – s’altère sensiblement dans la foulée.
Il est des moments, lorsque tout a été tenté, et que la vision conjuguée aux actions justes ne semblent plus générer les résultats escomptés où il faut savoir lâcher prise. En effet, un attachement trop intense aux résultats déséquilibre la balance délicate que l’homme d’affaires avisé doit s’employer à préserver. Ne plus rien tenter pendant un moment (quelques heures parfois suffisent) s’avère souvent la solution la plus bénéfique.
Lorsque l’on prend un temps d’arrêt, de nouvelles avenues semblent se dessiner d’elles-mêmes. Premièrement, la peur n’étant jamais bonne conseillère, le retour à des émotions plus paisibles favorise l’émergence de solutions souvent insoupçonnées et parfois inattendues. Cela n’a rien de magique. Les émotions négatives comme l’angoisse polluent le processus décisionnel en ajoutant des éléments étrangers aux facteurs de résolution de problèmes. Selon Shimon Dolan, docteur en Psychologie du travail et Relations industrielles, ancien professeur titulaire à l’Université de Montréal et détenant une chaire à l’Universté Pompeu Fabra de Barcelone, « le stress peut être tel qu"il conduit non seulement à une mauvaise prise de décision mais contribue à générer un climat qui influence tous les paliers de l"organisation ».
En effet, mêmes des difficultés telles un retard des fournisseurs, un bris de matériel, une interruption inopinée de production et autres impondérables paraissant nettement mettre au défi la force de caractère et bien souvent la patience de l’entrepreneur, trouvent généralement en leur temps leur solution. Pour certains, moins bien préparés cependant, ou n’ayant pas encore acquis la maturité entrepreneuriale nécessaire, elles constituent malheureusement la pierre d’achoppement expliquant de nombreux échecs et la fin abrupte d’un rêve.
C’est donc avant tout le bon vieux sens des priorités, qui nous renvoi judicieusement au moment présent, qui constituera la première étape de retour à l’action. Car c’est ici et maintenant que s’articulent bien souvent pas à pas les solutions les plus innovantes. Etre un entrepreneur et un gestionnaire efficace, c’est avant tout avoir la possibilité d’actualiser son propre potentiel par le biais de son entreprise. La capacité de « ne rien faire » à certains moments cruciaux de la vie entrepreneuriale requiert une maîtrise et une confiance en soi inébranlables qui traduisent non seulement la culture que l’on veut promouvoir mais surtout l’optimisme inné du véritable gagnant.
Marie-Josée Girard

UN DIMANCHE À BORDEAUX , FRANCE...

À Bordeaux, le dimanche, mes voisins d’en face n’ouvrent jamais leurs volets avant dix ou onze heures le matin. Est-ce à cause du soleil qui vient percuter avec fracas le vieux bois patiné ? Cela m’étonnerait. Ils sont probablement encore tout étourdis de sommeil et ne semblent pas se douter de l’importance cruciale de l’intrusion impromptue de l’astre du jour en novembre. Ils ne sont pas Québécois. Moi, je sais bien qu’ici l’hiver est encore loin car les terrasses sont pleines et que l’on voit des filles les bras nus et bronzés, vestiges de virées aux plages d’Arcachon ou de Lacanau, qui ne sont, après tout, pas plus loin en voiture que Montréal ne l’est de St Jérôme. Le dimanche, dans le Sud-ouest de la France, ressemble aux dimanches de mon enfance : tout est fermé et un silence paralysant s’étend mollement sur la ville. Il y a bien des passants qui arpentent la rue Sainte Catherine. Eh oui ! Il y en a une à Bordeaux ! A croire que la sainte patronne des vieilles filles s’est reconvertie dans la protection des petits commerçants, la course au mariage n’étant dorénavant plus la panacée de prédilection féminine qu’elle était ! On y voit donc des parisiens égarés ou qui n’ont pu, l’espace d’un week-end, résister à l’appel des départements de province (loin de Paris, ce sont tous des habitants…), aux jolis villages aux toits de tuiles roses ou aux églises médiévales qui pullulent par ici. Eux aussi sont d’ailleurs tout étonnés que les commerces fassent relâche, alors que ce n’est pas le cas à Paris, cpitale oblige ! Les Français sont-ils fervents ou dévots ? Est-ce la raison pour laquelle ils respectent avec tant de constance le repos dominical ? Loin de là ! Ils ont plutôt la semaine de trente-cinq heures, des syndicats très grognons et des protections sociales en béton. D’ailleurs, qui voudrait travailler le dimanche quand la mer est si près ? Alors, le dimanche, on se promène. On va au Jardin public, croisement entre le Jardin botanique et le parc du Mont-Royal. La différence notable, c’est qu’il y a dans le foisonnement de cette belle végétation un beau bouquet de……..palmiers, très bien acclimatés et sous lesquels on peut rêver longuement. Il y a aussi des papis (portant encore le béret) et des mamies (en tablier) qui s’assoient sur les bancs et discutent pendant des heures, des enfants, filles et garçons, qui jouent au foot, des promeneurs qui lancent du pain au canards et aux cygnes qui n’ont peur de rien et montent hardiment sur les berges, des étudiants qui draguent ou se font des confidences, quant aux québécoises expatriées elles s’ennuient un peu. Pensez-y, ici, pas moyen d’aller au Réno Dépôt ou chez Wall-Mart ! Même les restaurants sont fermés et n’ouvrent qu’à l’heure où les Français ont faim, ce qui, comme vous le savez, n’est pas la même que pour nous. Pas moyen, donc, d’aller s’écraser devant une assiette de côtes levées pour passer le temps. Il ne reste que les MacDonald (les Burgers King n’ont pas tenus le coup). Et encore. Ce n’est pas pareil. Les hamburgers n’ont pas le même goût, le café non plus. Je suis assez obstinée de nature, c’est pourquoi il est rare que je ne tente pas de trouver de l’agrément dans les rues vides de Bordeaux. Mais il faut premièrement comprendre comment elles fonctionnent ! Car les rues, en France, ont un mode d’emploi que notre esprit cartésien peine à assimiler. Je vous explique. Tout est rond. La ville est comme une roue de bicyclette et les rues en sont plus ou moins les rayons, avec des petites radicelles qui partent dans tous les sens. Inutile d’aller devant soi et d’espérer, si l’on tourne à gauche ou à droite, poursuivre en ligne droite, on risque d’avoir des surprises ! Mais une fois qu’on a compris que l’on se trouve dans un cercle, il suffit d’arrondir les angles et tout va à peu près « comme sur des roulettes! ». Puis, au hasard de la promenade, on n’a plus qu’à ouvrir les yeux. Mais après quelques années, les vielles pierres sont comme les jolis visages, on s’habitue. Il faut faire un effort sur soi pour retrouver le regard du touriste ébahi. Mais j’y parviens généralement. Prenez par exemple la Place de la Victoire. C’est grand et cela ressemble à un immense rond-point. On y trouve une espèce d’Arc de Triomphe - la Porte d’Aquitaine - qui est une porte immense, comme il y en a plusieurs aux quatre coins de la ville (un peu comme la Porte St Jean à Québec) et par où passent encore les pèlerins de Compostelle. . Un obélisque rose, qui ne sert strictement à rien, se dresse à au moins vingt mètres du sol et surplombe les immeubles à l’architecture magnifique (sans le moindre gratte-ciel à l’horizon) qui ceinturent la place. Il y a aussi une magnifique tortue de bronze (qui doit peser une tonne) et son petit, posés presque en son centre pour le plaisir des touristes et les photos souvenirs et enfin, gravée comme un chemin dans le bitume, une gigantesque étoile qui s’illumine en bleu le soir et qu’arpentent les étudiants en attendant le tramway. Vraiment, quand un soleil pourpre et orangé se couche sur ce panorama et que l’air est doux, je suis bien loin de regretter l’hiver québécois ! Marie-Josée Girard

MAUDIT GAZON : LE PISSENLIT EST DE RETOUR!

Je n’étais pas arrivée à Repentigny, ce fief de la douce vie banlieusarde, après un séjour prolongé dans l’Hexagone, que déjà le pissenlit faisait son entrée dans mon existence.
Comprenons-nous bien: je n’ai jamais jardiné, ni ratissé la moindre feuille. Je ne connais des lobélies et des liliacées que leurs douces terminologies, retenues lors d’une incursion erratique dans un manuel d’horticulture qui avait littéralement pris racine sur la table à café d’un ami.
Personne ne m’avait dit le drame qui se jouait dans les arrière-cours et les plates-bandes! Mais j’ai connu, par contre, un beau jardinier aux yeux un peu tristes qui devait être intraitable envers les mauvaises herbes, et je me demande bien (avec un brin de jalousie) à quelle grande plante ornementale ou exotique il consacre désormais tous ses soins! Il va sans dire, j’aurais bien aimé avoir un eu plus de « pot» avec lui, mais bon, c'est la vie! Ouais.
Est-ce qu’il y a des pissenlits en France? Sûrement, mais je n’en ai pas vus. J’ai vu sous les platanes en rangées et dans les allées grises qui nous rappellent les vieux films de Truffaut, le débordement rouge et noir des coquelicots, si fragiles qu’ils ne résistent pas à la cueillette et s’effondrent languissamment comme une belle sur un récamier. J’ai vu aussi les grands pédicules blancs au cœur d’or de la belle marguerite, mas pas beaucoup de dents-de-lion, cette terreur du jardinier.
Le climat du Vieux Continent, qui oscille entre crachin, grisaille et soleil méditerranéen y est peut-être pour quelque chose, quand on sait que certains nuages sont réputés pour s’arrêter opportunément à la frontière (Tchernobyl notamment) selon le gouvernement de l’époque! Y a pas à dire, rien n’est impossible!
Quoi qu’il en soit, je me suis donc coltinée à la peste jaune des jardins. C’est avec toute la bonne volonté du monde et armée de l’outil approprié, un long truc cornu, que j’ai entrepris de débarrasser de ses hôtes indésirables la cour de l’amie qui m’offre l’hospitalité.
J’étais assez fière de moi le premier jour: j’en avais bien trucidé une centaine. Quelle surprise le lendemain matin de voir une nouvelle marée jaune me narguer littéralement! Le pissenlit a ses humeurs : parfois il se cache (sale opportuniste) sous les feuilles plus innocentes des potentilles.
Puis, sûr de la victoire du nombre sur la détermination du chasseur le plus opiniâtre, il s’étale avec insolence.
On l’aimerait bien quand même pour le flamboiement de son cœur poudré d’orangé, hôte des fourmis qui y trouvent on ne sait quelle pitance sucrée ou odoriférante, ou pour ses pétales si réguliers qu’on dirait de véritables petits soleils. On ne l’aime pas pour ses vilaines feuilles dentelées (diurétiques et délicieuses paraît-il en salade) comme il se doit chez toute mauvaise herbe.
Méchant manipulateur, va! qui nous attire et nous repousse à la fois; qui nous fait travailler sous la double-contrainte de sa beauté, inutile pour la plupart d’entre nous, et de sa prolifération inéluctable.
Et les pesticides? me direz-vous. Et les enfants? vous répondrais-je. Il n’est quand même pas juste de défendre aux petits de se promener nu-pieds parce que nous, les grands, avons une lutte à finir. La victoire serait un peu amère.
Mais, peut-être nous permettrons-nous enfin, quand les petits d'homme (ces grandes fleurs fragiles et imprévisibles) auront bien poussé, de rivaliser avec le tapis émeraude, uniforme et velouté de tous nos voisins un peu moins scrupuleux!
Marie-Josée Girard

JEAN CHRÉTIEN ET LE PARADOXE DU CRABE

Exemple d'article
Jean Chrétien fait de l'auto sabotage.…à l'envers. Et du jardinage, c’est de saison.
Par les remarques assassines qu’il distribues avec l’ample geste du semeur et dont la gravité est allée croissant comme un phénomène naturel et irrépressible depuis quelques semaines – on pense aux mauvaises herbes qui renaissent avec la nuit et empoisonnent la vie des jardiniers plus conservateurs- il a sapé consciencieusement les quelques mois qu’il lui reste, comme pour ne pas avoir à regretter de partir.
Et maintenant, après le G8, il affirme aux mêmes journalistes à qui il faisait ses commentaires acérés sur son ancien allié américain, que les choses sont dorénavant au mieux entre eux.
Jean Chrétien est un exemple édifiant du paradoxe du crabe, le vrai celui-là, qui avance de reculons ou de guingois en brandissant son unique et gigantesque pince, qui opportunément est une pince anti-diplomatique servant uniquement en fin de carrière, lorsque les crabes n’ont plus la force ni l’envie de s’enfouir dans le sable.
Monsieur Chrétien aurait-il peur de prendre sa retraite? D’où l’incongruité de son comportement. Lorsque le rêve de toute une vie s’est réalisé (et s’éternise selon certains), il est normal de craindre manquer d’imagination pour la suite.
Alors on se laisse aller, alors on accuse Bush puis on se rabiboche avec lui, alors on se moque sans toutefois atteindre la frontière de l’insolence, enfin on dit des bêtises car avant que d’être traité de gâteux, il vaut mieux l’être un peu. Et la générosité du premier citoyen de l’État en la matière est sans borne; il donne à ses détracteurs toutes les raisons de faciliter sa sortie.
De plus, une Aline a ses raisons que les Canadiens ne connaissent pas. Mais, connaissant bien leur premier ministre, ils savent que monsieur Chrétien, à l'instar du commun, n’est pas à l’abri de l’ambivalence (davantage une valse-hésitation dans ce cas de figure) qui taraude la plupart de ceux qui, craignant de manquer d’élan, se donnent eux-mêmes un coup de pied bien placé. D'ailleurs, les tendons de la jambe du premier ministre, loin de manquer d’élasticité, semblent toutefois propulser leur protagoniste beaucoup plus loin que prévu.
Mais que ne ferait-on pas par amour? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Ni fatigué, ni trop vieux, monsieur Chrétien veut remplir son devoir d’époux. Madame a souri gracieusement pendant plusieurs décennies et foulé on ne sait combien de tarmacs. Elle a été son image de marque, sa classe et sa veine; une publicité vivante pour le Canada : discrète, classique, effacée. Maintenant, madame Chrétien veut être son bâton de jeunesse; l’accompagner sur les terrains de golf, lui servir le café devant le calme miroitant du Lac Machin, profiter de son homme quoi!
Mais ne sait-elle pas encore, cette dame qui a l’air si gentil, qu’un homme qui agit pour faire plaisir, mais en se forçant un peu, est un homme malheureux? A croire que les turpitudes habituelles dans ce milieu pas toujours joli, joli, ont laissé à la future ex-première dame, un reste d’innocence.
Et ma foi, c’est tant mieux! Marie-Josée Girard

POLITICAILLE À LA FRANCAISE

Exemple d'article
Non, il ne fait pas bon vivre en France par les temps qui courent. Que ceux, qui, excédés par les états d’âme de nos politiciens nourrissent en secret des velléités d’établissement outre-Atlantique se le tiennent pour dit.
Vivre en France pour un Québécois dont la largeur d’esprit se mesure à l’aune des grands espaces nordiques, c’est comme tenter de faire entrer deux litres de liquide dans une bouteille d’un litre. On a beau essayer, ça déborde toujours.
C’est un fait, le Québécois en France se sent à l’étroit. Entre une politique sociale tentaculaire et infantilisante, une force policière sous-payée (environ 16 500 $ par année pour une recrue) et par conséquent invisible, une bureaucratie étouffante et des dirigeants dont les plus brillants spécimens se rencontrent aux Guignols de l’info – émission humoristique dont les marionnettes, hallucinants sosies d’hommes politiques, artistes et athlètes sont plus intéressants que les vrais – on se demande comment ce pays tient encore debout.
La France est molle, mais elle ne le sait pas. Alors que Jacques Chirac, le président sortant, que l’on qualifie ici à tout venant de « Super-menteur » et Lionel Jospin, son premier ministre et principal « challenger » poids léger, ont annoncé, il y a plusieurs semaines déjà - secret de polichinelle - qu’ils allaient se porter candidats, on en fait tout un plat et force débats.
Imaginez, maintenant qu’ils sont officiellement entrés en campagne, après une valse-hésitation qui tient davantage du vaudeville que d’une véritable course présidentielle, nos deux joyeux lurons renient pour commencer leurs allégeances et prétendent pour l’un, n’être ni de droite, et pour l’autre ni socialiste (la bonne blague), avant de se chamailler comme chien et chat, s’accusant d’être trop vieux, supposé délit de « sale gueule » ou trop sectaire.
Bien qu’arborer une tignasse frisée en politique ne paye pas beaucoup, l’expérience le prouve (voyez Jean Charest) Lionel Jospin, grand bouclé devant l’Éternel, risque, selon une étude astrologique soi-disant sérieuse publiée dans Le Monde, de causer quelques surprises et « présider autrement » selon ses propres mots. C’est avec ce genre de suspense à zéro pour cent que l’on appâte désormais l’électorat chez nos cousins de l’Hexagone » Ouf, il fait bon être Québécois!
Marie-Josée Girard

LE PRINCE, LES AMÉRICAINS ET LA TERRE PROMISE

Exemple d'article
Tout néophyte que vous soyez, dans les méandres de la politique internationale, il y a une constante qui ne vous a sûrement pas échappé : la rapidité effarante avec laquelle les protagonistes s’empressent de rendre nébuleux ce qui était limpide. Sans oublier d’emmêler, pétro-diplomatie et intérêts financiers obligent, l’écheveau (déjà plein de nœuds) des possibilités réelles de règlement de conflits, jusqu’à en faire un maelström aussi profond qu’insondable.
Contrairement à l’Européen qui prend plaisir à ruminer, avec force débats et circonvolutions intellectuelles le maigre fourrage que lui tendent ponctuellement ses politiciens, le Québécois est sage.
Entre un match de côtes levées à la Cage aux sports et la politique au Proche-Orient, il n’hésite pas. Il sait que le ventre a des raisons que l’intelligence ne connaît pas et il n’a pas tort.
Tuer un troupeau entier de moutons et faire bombance avec ses copains devant une course de chameaux, c’est ce à quoi aurait dû sagement se résoudre le prince héritier saoudien Abdallâh, qui s’est contenté de faire mentir le proverbe « il faut battre le fer pendant qu’il est chaud » en annonçant, il y a une semaine, la reconnaissance par les pays arabes de l’État d’Israël contre le retrait de tous les territoires occupés.
L’effort est louable et tout le monde se congratule au sujet d’une si brillante initiative. Mais on se demande ce qui a pu si abruptement éclairer sa lanterne quand on sait que les Américains (eh oui, encore eux) avait présenté cette alternative il y a déjà dix ans de cela. Sans compter que le Père éternel, Dieu lui-même, avait fait à peu près la même proposition à la descendance d’Abraham, il y a plus de quatre mille ans, en leur offrant comme Terre promise et à titre gracieux (sic) la belle région de Canaan.
Personne toutefois ne semble avoir relevé cette incongruité, alors que tous, sans exception, se réclament de la religion et des droits qu’elle leur accorde et ce à coups de tirs de mitraillette et de jets de pierres.
Évidemment, lorsqu'il s’agit d’or noir et d’espèces sonnantes et trébuchantes, de préférence américaines, la donne semble à chaque fois mystérieusement changée.
Marie-Josée Girard

RONDS-POINTS, EUROS ET CROTTES DE CHIEN

Exemple d'article
Il ne faut pas croire, la France c’est autre chose qu’une débauche culturelle, des bons vins et de fins restos. La preuve : j’habite depuis plus d’un an à Bordeaux, un des fiefs incontestés de l’œnologie tous azimuts; ville grise et collet-monté, enchâssée dans des kilomètres de vignes (ces nobles petits arbrisseaux qui après tout ne font même pas d’ombre) et entourée de centaine voire de milliers de châteaux dont les noms constituent le prélude aux précieuses appellations contrôlées et je n’ai même pas ouvert une seule bouteille.
Sacrilège! pour les uns, prudence quant à moi. J’aurais craint que le divin nectar me détourne de réalités moins enivrantes telles la multiplication effrénée des ronds-points et la prolifération irrépressible des crottes de chien.
C’est un fait : ces deux fléaux sont en voie de mettre la France à genoux (seize tonnes par jours de cadeaux odoriférants à Paris). D’ailleurs, on prétend dans les coulisses ultra-secrètes de la marine française que si le porte-avions Charles-de- Gaulle, unique fleuron (sic) de l’arsenal naval dans l’Hexagone est si souvent à quai, c’est qu’une immense crotte de chien obstrue fréquemment ses moteurs et le rend non opérationnel.
Bon, c’est une théorie discutable, je le concède. Toutefois, ce qui est vrai, c’est qu’il y a tellement de ronds-points en France qu’il est préférable de marcher et risquer la déjection canine (entre les orteils à la rigueur, cela m’est arrivé en tongs!) que de prendre la voiture si on veut arriver à destination.
Quant au petit producteur de la matière en question, le chien, il y en a partout : dans les centres commerciaux, à l’intérieur des boutiques, dans les supermarchés, les cafés, les restaurants et dans les rues évidemment où le caniche semble avoir ravi par le nombre (des centaines), la couleur (noir, blanc ou caramel) et le poil (frisé, comme il se doit), le cœur des Français qui dépensent désormais des millions d’euros pour leur entretien.
D’ailleurs, quoiqu’on écrive sur le sujet et j’en ai été un témoin privilégié, ledit euro a failli en faire s’étrangler plus d’un. Cela fait au moins un an qu’ils s’y préparaient officiellement grâce à un déferlement quasi ininterrompu de brochures, spots télé, encarts et autres documents hautement éducatifs, mais ils n’en continuent pas moins de demander en douce « et en Francs, ça fait combien? » et payer massivement par chèque ou carte bancaire pour éviter d’avoir à faire le fastidieux calcul.
On le sait, les Français sont sensibles comme de grands enfants éprouvés. Et ils se consolent comme ils peuvent de ne plus être une super puissance : en jouant à l’antiaméricanisme, tout en truffant leur langue de mots anglais; en multipliant entre eux les courbettes, exaltant plus que jamais la particule, dilués qu’ils sont, après l’euro, dans une Europe dont la nouvelle monnaie leur donne quand même un peu le sentiment d’être dans le coup. Marie-Josée Girard