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dimanche, septembre 17, 2006

RONDS-POINTS, EUROS ET CROTTES DE CHIEN

Exemple d'article
Il ne faut pas croire, la France c’est autre chose qu’une débauche culturelle, des bons vins et de fins restos. La preuve : j’habite depuis plus d’un an à Bordeaux, un des fiefs incontestés de l’œnologie tous azimuts; ville grise et collet-monté, enchâssée dans des kilomètres de vignes (ces nobles petits arbrisseaux qui après tout ne font même pas d’ombre) et entourée de centaine voire de milliers de châteaux dont les noms constituent le prélude aux précieuses appellations contrôlées et je n’ai même pas ouvert une seule bouteille.
Sacrilège! pour les uns, prudence quant à moi. J’aurais craint que le divin nectar me détourne de réalités moins enivrantes telles la multiplication effrénée des ronds-points et la prolifération irrépressible des crottes de chien.
C’est un fait : ces deux fléaux sont en voie de mettre la France à genoux (seize tonnes par jours de cadeaux odoriférants à Paris). D’ailleurs, on prétend dans les coulisses ultra-secrètes de la marine française que si le porte-avions Charles-de- Gaulle, unique fleuron (sic) de l’arsenal naval dans l’Hexagone est si souvent à quai, c’est qu’une immense crotte de chien obstrue fréquemment ses moteurs et le rend non opérationnel.
Bon, c’est une théorie discutable, je le concède. Toutefois, ce qui est vrai, c’est qu’il y a tellement de ronds-points en France qu’il est préférable de marcher et risquer la déjection canine (entre les orteils à la rigueur, cela m’est arrivé en tongs!) que de prendre la voiture si on veut arriver à destination.
Quant au petit producteur de la matière en question, le chien, il y en a partout : dans les centres commerciaux, à l’intérieur des boutiques, dans les supermarchés, les cafés, les restaurants et dans les rues évidemment où le caniche semble avoir ravi par le nombre (des centaines), la couleur (noir, blanc ou caramel) et le poil (frisé, comme il se doit), le cœur des Français qui dépensent désormais des millions d’euros pour leur entretien.
D’ailleurs, quoiqu’on écrive sur le sujet et j’en ai été un témoin privilégié, ledit euro a failli en faire s’étrangler plus d’un. Cela fait au moins un an qu’ils s’y préparaient officiellement grâce à un déferlement quasi ininterrompu de brochures, spots télé, encarts et autres documents hautement éducatifs, mais ils n’en continuent pas moins de demander en douce « et en Francs, ça fait combien? » et payer massivement par chèque ou carte bancaire pour éviter d’avoir à faire le fastidieux calcul.
On le sait, les Français sont sensibles comme de grands enfants éprouvés. Et ils se consolent comme ils peuvent de ne plus être une super puissance : en jouant à l’antiaméricanisme, tout en truffant leur langue de mots anglais; en multipliant entre eux les courbettes, exaltant plus que jamais la particule, dilués qu’ils sont, après l’euro, dans une Europe dont la nouvelle monnaie leur donne quand même un peu le sentiment d’être dans le coup. Marie-Josée Girard